Comment est né le projet Super Ligue de 2021

Écrit par C.Opposée, le 12 avril 2022 à 07:30. Mis à jour le 19 avril 2022 à 18:48.

Comment est né le projet Super Ligue de 2021

Après 30 ans de chantage, le cycle 2018-21 est celui qui aura vu le football européen se scinder en deux. Une poignée de clubs ont finalement mis leurs menaces à exécution et ont décidé de s’opposer publiquement à l’UEFA en proposant un projet alternatif.

Étudier la chronologie de la Super Ligue et les déclarations successives des différents acteurs permet de mieux comprendre leurs intentions et éclaire les débats à venir. Avec au centre du jeu, un homme : Andrea Agnelli, président de l’ECA et allié supposé de l’UEFA jusqu’à sa trahison en avril 2021.

2018-19 : le projet initial d’Agnelli est rejeté

Andrea Agnelli, président de la Juventus, accède à la présidence de l’Association européenne des clubs (ECA) en septembre 2017. Il succède alors à Karl-Heinz Rummenigge, dirigeant du Bayern qui avait obtenu de l’UEFA la création d’une joint-venture UEFA/ECA pour donner plus de contrôle aux clubs sur les compétitions, mais surtout une énième réforme en faveur des plus grands pays européens avec quatre places garanties en Ligue des champions pour l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne à partir de 2018.

Agnelli annonce lors de sa prise de mandat qu’il souhaite travailler en priorité sur une nouvelle version du fair-play financier. On devine également qu’il espère un changement profond des compétitions pour développer les revenus de la C1 : en octobre 2016, il déclarait vouloir en faire la compétition la plus lucrative du monde et regrettait l’écart de revenus avec la NFL, pourtant facilement explicable (la C1 ne représente qu’une partie d’un football européen qui génère au total beaucoup plus que le football américain).

En mai 2018, il dévoile une première ébauche de ses plans dans une interview au Guardian : plus de coupes d’Europe, moins de championnats nationaux. Il assume dès le départ une vision élitiste mais se justifie en invoquant les attentes des fans et une évolution “normale”. Sa solution est de passer de 8 groupes de 4 équipes à 4 groupes de 8 (une vieille idée de Berlusconi), ce qui garantirait un minimum de 14 matches aux 32 équipes participantes et ajouterait 8 journées de poules. Il évoque rapidement l’idée de raccourcir les championnats nationaux ou d’imposer des quotas de jeunes joueurs aux équipes qui disputent la C1, et invite les acteurs du monde du foot à en discuter sous la supervision de l’UEFA. En parallèle, il tacle Gianni Infantino (FIFA) et ses projets de Coupe du monde des clubs censée concurrencer la Ligue des champions, faisant écho aux propos d'Aleksander Ceferin (UEFA) tenus le même jour à Bruxelles.

En novembre 2018, à la suite de révélations de Der Spiegel dans le cadre des Football Leaks sur un projet de Super Ligue européenne impliquant 7 clubs (Real, Milan, Juventus, Arsenal, Manchester United, Bayern et Barça), Agnelli et Ceferin répliquent ensemble. Les deux hommes sont plus proches que jamais, le Slovène étant devenu le parrain de la quatrième fille de l’Italien quelques jours plus tôt. Dans une interview à la BBC, ils se dressent contre les projets sécessionnistes qui relèvent de la "fiction” et expliquent qu’ils travaillent sur une solution basée sur le mérite sportif. Agnelli expose à nouveau son envie d’exploiter au maximum le potentiel du foot européen, plus populaire que la NFL. Le lendemain, les deux présidents signent ensemble une lettre d’intention devant la Commission Européenne où ils confirment leur volonté de collaborer et de défendre ensemble un modèle ouvert.

“Nous devons penser à la Pologne. Nous devons penser à la Turquie, à la Russie. Les fans peuvent être certains

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