Suite et fin du portrait de Vincent Labrune paru dans le So Foot n°219. Par Ronan Boscher, Victor Le Grand, Léo Ruiz et Guillaume Vénétitay
Deux messages WhatsApp arrivent à une heure d’intervalle, ce dimanche 11 août, alors que les basketteuses françaises affrontent les États-Unis pour clôturer les JO 2024. C’est d’abord Pierre-Antoine Capton*, le meilleur ami de Vincent Labrune, qui écrit : “Je pensais à votre portrait […] Je voulais vous donner un interlocuteur avec qui j’ai partagé à l’époque avec Vincent, c’est Michel Platini. Je ne sais pas s’il acceptera de parler mais ça pourrait être intéressant. Bon dimanche.” Le patron de Mediawan décrit même l’ex-capitaine des Bleus comme “un ami de la maison”. Puis, un numéro du Royaume-Uni s’affiche à 15h15. “Bonjour, […] je travaille pour Nasser Al-Khelaïfi et je comprends que vous faites un article sur les élections à la LFP. Dites-moi si vous aimeriez avoir l’avis de Nasser et on aidera.”
David Sugden est l’homme de confiance du boss du Paris Saint-Germain, chargé notamment du lobbying politique. Aucun contact n’avait été pris jusque-là avec l’entourage d’Al-Khelaïfi. Encore un coup de Labrune ? Une chose est sûre : à son départ de l’OM en 2016, Labrune a considérablement renforcé son réseau. Ce qui n’était pas le plan initial, selon lui. “À l’époque, il faut avoir conscience de la violence de l’environnement à Marseille. Quand j’arrête, je n’ai qu’une seule envie, c’est de me reposer et de profiter de ma femme et de mes enfants.” Vraiment ? Pas du genre à rester oisif, “VL” choisit de s’impliquer un peu plus dans Black Dynamite, la boîte de production qu’il avait cofondée à l’été 2010 avec Éric Hannezo. “Après Marseille, il a eu besoin de se changer les idées. Il avait des parts, mais il n’a pas mis d’argent, remet ce dernier, dont la société a notamment produit les documentaires Le K Benzema ou le très gentillet Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire. Vincent nous a beaucoup aidés et ouvert des portes. Par exemple, il savait qu’il y avait un appel d’offres pour tel truc à Canal+, alors qu’on n’était pas au courant.” Avide de se diversifier, l’Orléanais rejoint également le groupe Moma, cador de l’événementiel et propriétaire de prestigieux restaurants, comme le Café Lapérouse ou le Mimosa, présents à Paris, Saint-Tropez et Jeddah, où la pissaladière se paie 26 euros. Vincent Labrune, réputé lève-tard, est comme un poisson dans l’eau dans ce milieu mêlant pouvoir et bringues jusqu’à l’aube. “Je considère que c’est le même métier d’organiser un match de foot, une soirée dans un restaurant ou de produire un film, théorise-t-il. Donc je me suis dit que c’était pas con d’essayer d’évoluer comme ça, un peu à l’abri de l’attention médiatique.”
Sous les radars, Labrune replonge en réalité rapidement dans le milieu du foot, dans son rôle préféré : celui du conseiller de l’ombre, à l’abri des coups. “Je suis bien pour faire de l’analyse stratégique, avoir des idées ou coordonner”, s’autodéfinit-il. Des présidents de clubs avec qui il a partagé bon nombre de bouteilles de vin lui demandent son avis sur des joueurs ciblés par leur cellule de recrutement. Ils restent fascinés par sa connaissance quasi “Panini” des effectifs et son entrain à chaque mercato. “À l’OM, ce qu’il adorait, c’était vendre des joueurs, ça l’excitait, raille un agent de joueurs bien installé. Je lui avais dit qu’à Marseille, le plus important, c’était de gagner des matchs, sinon il allait se faire couper en rondelles.” Comme l’a raconté L’Équipe, Vincent Labrune donne son avis à Bernard Caïazzo (Saint-Étienne) sur les dossiers Salibur ou Monnet-Paquet. Il est aussi consulté par Waldemar Kita (Nantes), Loïc Féry (Lorient) ou encore Bernard Joannin (Amiens), dont le groupe Intersport fut le sponsor maillot de l’OM. La facilité de Labrune pour s’immiscer dans un nombre conséquent de deals exaspère certains agents, qui l’observent intensifier sa relation avec Meïssa N’diaye. “Il lui a ouvert des portes dans