[Dossier] Vincent Labrune (2/4) : Les années "Zig" et l'Enfant de la Télé

Écrit par S.Foot, le 15 septembre 2024 à 14:30. Mis à jour le 16 novembre 2024 à 14:01.

[Dossier] Vincent Labrune (2/4) : Les années "Zig" et l'Enfant de la Télé

Suite de l'enquête sur Vincent Labrune parue dans le So Foot n°219. Par Ronan Boscher, Victor Le Grand, Léo Ruiz et Guillaume Vénétitay

Chapitre 2 : Les années Zig 


“Je n’avais plus envie de jouer pour perdre et me prendre des coups. Donc j’ai arrêté, vers mes 15-16 ans.” C’est ainsi qu’à la fin du printemps 1986, Vincent Labrune range définitivement ses crampons de footballeur sous licence. Plutôt “rapide, droitier et assez bon jusqu’à 12 ans”, il avait commencé à l’aile droite puis été basculé à gauche –“parce que j’avais les deux pieds”– dans une équipe d’épouvantails au niveau régional, l’US Orléans. “Ils étaient imbattables, acquiesce David, un ami d’enfance de Vincent qui battait pavillon à l’ASPTT d’Orléans. Si t’avais l’USO dans ton calendrier, tu savais que t’allais prendre une taule.” À l’époque, le département compte pourtant Reynald Pedros à Beaugency, et Patrice Loko, David Le Frapper ou Franck Gava à Amilly, ville de 13000 âmes éleveuse de champions. “Là-bas, il y avait ni plus ni moins que Cédric Lécluse en défense centrale, qui a fini capitaine de Nancy, s’enjaille Labrune. Mais nous, à l’USO, on avait un super collectif, on gagnait tout le temps, que les choses soient claires.” Du moins jusqu’à la catégorie cadets (U15-U16), quand les joutes sont devenues nationales –contre le PSG ou l’AJ Auxerre– et les victoires se sont transformées en défaites. 

De son escouade orléanaise, contrairement aux fleurons de Beaugency ou d’Amilly, seul un joueur réussira à percer : “Franck Meyrignac, notre défenseur. Si vous suivez le foot, il a joué au FC Metz un an ou deux”, informe l’ex-ailier, qu’on dit incollable en culture foot, et qui estime que son gabarit ne lui a jamais donné l’espoir d’une carrière. De son époque dans la préfecture du Loiret, le petit Vincent dit avoir vécu la chose football de façon “assez émotive”. Les amis du papa, expert-comptable, les enfants des amis, les potes, un buffet et la télé, comme pour “une finale de coupe du monde” : ainsi se vivait par exemple chez les Labrune chaque rencontre de l’OM, club pour lequel roule ardemment le paternel. “Je vais même vous dire un truc que je ne devrais pas dire : Bernard Tapie, dans cette fin des années 80, début des années 1990, c’était mon idole.” Côté terrain, Vincent Labrune fait de Michel Platini son joueur totem et vit intensément Séville 82, au point de “fuguer en bicross, à 11 ans, la nuit, pour pleurer” dans le bois de l’Orée de Sologne, nom du quartier d’Orléans où il habite alors avec son petit frère, Denis, et ses parents. C’est dans cette zone d’ensembles pavillonnaires saupoudrés d’une piscine, d’un lac et de courts de tennis que l’actuel président de la LFP a fait ses classes. “Contrairement à ce que j’ai lu, ce n’était pas la grande bourgeoisie locale, qui vivait plutôt en centre-ville, se défend-il. Nous, on était à deux kilomètres du stade de la Source.” 

Une vie de “classe moyenne plus” où, comme le dit son pote David, les adultes laissent les gamins “jouer et parler foot sur les placettes de chaque lotissement” et n’ont rien contre les scooters Piaggio. Une vie où, comme le dit Vincent, ses parents régalent en vacances et modèrent la pression sur l’école tant que les bonnes notes et appréciations habillent le bulletin en fin d’année.

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