João Failix

Écrit par J.Prieto Santos, le 18 avril 2025 à 10:02.

João Failix

Il était beau, jeune, doué, aimé des femmes et des fans de Benfica. Envoyé très jeune par Jorge Mendes à l’Atlético Madrid contre 126 millions d’euros, João Félix s’est depuis perdu en chemin, enchaînant les sorties de route dans les plus grands clubs d’Europe. Ce qui amène à se poser la question: le génie portugais était-il surcoté ? Réponse chez lui, le seul endroit où l’on semble encore croire en son destin doré.

Oui, le Portugal est un pays merveilleux, mais cela ne doit pas nous empêcher pour autant d’émettre quelques réserves à son encontre. Prenons par exemple l’Algarve, la fameuse Californie lusitanienne. Cette région du Sud louée par les voyagistes et réputée pour son climat et son ambiance festive n’est en fait rien d’autre que la petite soeur de Lloret del Mar bordée par une eau glaciale. Laissons ça aux touristes anglais pour mieux ouvrir le dossier de ces restaurants dits “franco-portugais”, des établissements dont la spécialité est surtout de martyriser les cuisines des deux pays. Un mélange des genres qui a notamment donné naissance à la Francesinha (“la petite Française”, en VF), un plat attribué à un certain Daniel David Silva. De retour au pays en 1950, après avoir bossé dans l’Hexagone, ce dernier se met en tête de revisiter le bon vieux croque-monsieur tricolore. Une création en guise de doigt d’honneur au Nutri-Score: recouverte par du fromage fondu et baignant dans une sauce à la bière et à la tomate, elle se compose généralement d’un steak, d’une saucisse, de plusieurs tranches de lard, de gras, et d’un oeuf. Voilà donc pour la spécialité de Porto. Certes, la bête se digère très bien avec une vue sur le Douro, mais laisse tout de même perplexe. C’est un peu la même chose en matière de football avec João Félix, dont l’évocation du nom convoque généralement les termes “gâchis” et “surcoté”, quand ses performances sur le terrain ne renvoient pas carrément au champ lexical de la nullité. Aux yeux des supporters de la Seleção, JF est l’homme qui a éliminé le “Poutougal” du dernier Euro en ratant son tir au but contre la France. À Milan, où il est actuellement prêté par Chelsea, il lui aura fallu à peine dix matchs, zéro passe décisive et un seul petit but inscrit contre la Roma (lors de son premier match en Serie A) pour se voir coller l’étiquette de “Bidone” sur le front. Il faut dire que le numéro 79 de 25 ans incarne comme personne la déliquescence des Rossoneri, déjà largués en championnat et récemment éliminés de la C1 par le Feyenoord Rotterdam. Qualifié de “transparent” par La Repubblica, de “désastre” par le Corriere della Sera, et “d’attaquant aussi beau qu’inutile” par Fabio Ravezzani, le punchlineur de Telelombardia, João Félix sait qu’il ne fera pas de vieux os à Milan, ses dirigeants ayant déjà acté de le renvoyer en Premier League à la fin de la saison. Un énième fiasco dans une carrière qui commence sérieusement à sentir le roussi selon l’ancien enfant terrible de la Serie A, Antonio Cassano: “J’adore João Félix, mais il faut être objectif: il signe pour plus de 100 millions à l’Atlético Madrid, mais il n’a aucune alchimie avec le club. Après ça, il fait quelques bons matchs avec le Barça, qui ne le retient pas, puis Chelsea l’achète avant de lui ouvrir la porte à son tour. Là, à Milan, il commence bien, puis plus rien… Son talent me rend fou, mais ça fait six ans qu’il devrait jouer au niveau qu’on lui suppose. Et pour l’instant, il n’a toujours rien montré.”

Kaka, Bobby Charlton et les Avortons

Pour trouver une trace d’un João Félix titulaire indiscutable et complimenté pour son football, il faut donc remonter à ses débuts en pro avec le Benfica Lisbonne. La fameuse saison 2018-2019, celle sur laquelle le peu de crédit qui lui reste surfe encore aujourd’hui. À l’époque, le Portugal voit en lui un Ballon d’or en puissance, voire carrément le successeur de CR7. Nuno Gomes, le directeur du centre de formation des Aguias, assure même que le “Menino de ouro” est “la réincarnation de Zinédine Zidane”. Six ans plus tard, personne n’ose comparer JF à qui que ce soit, de peur de passer pour un con. Avant de s’aventurer à le faire, encore faudrait-il définir quel est son véritable poste. Attaquant de pointe? Ailier? 9 et demi? Numéro 10? “Là où il est le meilleur, c’est derrière l’avant-centre, éclaire Tiago Moreira, son premier entraîneur chez les jeunes du FC Porto, un club où la nouvelle tête de Turc du Calcio a passé une grande partie de son adolescence. Le mettre sur un côté, c’est le brider, et pourtant c’est l’erreur qu’ont commise tous ses entraîneurs à l’étranger… C’est incompréhensible.” Assis dans un café du centre-ville de Porto, Moreira déguste son Agua das Pedras, la San Pellegrino locale, avec un léger zeste d’amertume. “J’ai passé dix ans dans le centre de formation de Porto, mais cela fait maintenant cinq ans que je ne suis plus dans le milieu du

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