Avant de devenir cet homme de grandes villes raffolant de sorties culturelles, Guardiola a d’abord été le fils du maçon de Santpedor. Un village rural de Catalogne, avec lequel la légende vivante du Barça entretient une relation complexe… Benvinguts aux racines du Pep.
Valenti est arrivé à cet âge de la vie où à “bonne année” on ne répond plus “toi aussi”, mais “on verra si on arrive au bout”. Enfoncé dans son fauteuil devant une télé qui diffuse un match entre les jeunes du Real Madrid et ceux du Valence CF, le nonagénaire le concède: il n’a pas la grande forme en ce début 2025. Mettre le nez dehors le fatigue, et ne pas sortir l’ennuie. Autre joie de la vieillesse, sa mémoire commence à flancher. Quand a-t-il construit cette maison en briques de trois étages, aujourd’hui cernée par des résidences plus modernes et rasée devant sa porte par la route BV-4501 qui mène jusqu’à la ville voisine de Manresa, mais qui à l’époque se trouvait au beau milieu des champs? Valentí se lève péniblement, éteint la télé, disparaît dans une pièce voisine, puis revient quelques minutes plus tard un livre entre les mains. “Voilà, c’était en 1981”, dit-il en feuilletant le petit ouvrage consacré à sa vie, ou plutôt à son oeuvre: les dizaines de maisons construites de ses mains entre Manresa et Santpedor, le village catalan où il est né il y a 92 ans, et qu’il n’a jamais quitté. “Les Guardiola étaient là avant que Christophe Collomb ne découvre l’Amérique”, sourit fièrement le patriarche, dont l’arbre généalogique et le blason familial sont affichés sur les murs du salon, au milieu des photos de famille, d’une vieille horloge, et de proverbes catalans. Dolors Sala, sa femme, était elle aussi originaire de Santpedor. Enfants, ils fréquentaient le même collège et ont fait du théâtre ensemble. Comme la grande majorité des femmes du coin, elle était devenue couturière dans une des nombreuses usines de textile de la région. Elle avait plusieurs prétendants au village, alors un jour, après avoir pris part à une représentation de Els Pastorets (un texte théâtral inspiré du récit évangélique de Noël, ndlr) Valenti lui a demandé: “Tu veux sortir avec moi?” Ils se sont finalement mariés six mois plus tard, avant de s’offrir une lune de miel à Madrid. Le couple a eu quatre enfants, Francesca, Olga, Josep et Pere. Le 6 avril 2020, Dolors Sala a été emportée par le Covid. Depuis, les journées sont plus longues et les nuits plus difficiles pour Valenti, dont la soeur, Maria Carmen, est venue s’installer chez lui, pour ne pas le laisser seul dans cette maison sombre, sans aucun luxe, presque austère. “José est connu dans toute la planète, mais nous, on est toujours les mêmes”, soutient le père de Pep Guardiola.
Platoche, la transition démocratique, et les bonnes soeurs
Né au crépuscule du franquisme, le 18 janvier 1971, à une époque où il était encore interdit aux Catalans de parler leur langue, le coach de Manchester City a toujours été appelé José –version espagnole de Josep– à la maison. Et contrairement à certaines idées reçues ou à ses airs d’intello, il n’est pas un produit de l’élite catalane, loin de