Paco Seirul·lo : “L’ADN Barça et l’ADN Guardiola, c’est la même chose”

Écrit par S.Foot, le 27 février 2025 à 14:55. Mis à jour le 27 février 2025 à 15:15.

Paco Seirul·lo : “L’ADN Barça et l’ADN Guardiola, c’est la même chose”

Universitaire et ancien directeur de la méthodologie du FC Barcelone, Paco Seirul·lo est surtout le druide qui a concocté le fameux “jeu de position” cher à la Masia. Entretien avec le grand maître de Johan Cruyff et de Pep Guardiola.

Paco, tu as été préparateur physique mais on te considère surtout comme un philosophe du football. Pour toi, est-ce un compliment ou une insulte ? J’ai fait l’Inef (Institut national d’éducation physique, ndlr) mais je suis lié à la pratique du football plutôt qu’à la théorie depuis de nombreuses années. Je suis entré à la Masia quand Pep avait 13 ans. J’ai passé beaucoup de temps au club avec lui… Il posait plein de questions: “Pourquoi on fait ça? Comment?” Moi, j’étais devenu professeur à l’Inef, spécialisé en méthodologie et entraînement. Les livres et les notes que j’avais, il les lisait, les commentait. Il avait une énorme curiosité pour se former et comprendre le football de manière globale. En tant que joueur, et ensuite en tant qu’entraîneur.

Quand Cruyff découvre le jeune Pep, il ne joue même pas avec le Barça B. Aurait-il pu être professionnel sans lui ? Je pense que non. Il y a eu plusieurs moments dans la vie de Pep où, en réunion, nous avons envisagé de nous séparer de lui. Je l’ai défendu parce que c’était le seul joueur qui réfléchissait au jeu. Il ne se contentait pas d’appliquer les consignes des entraîneurs, il les interprétait et les adaptait à sa manière. À l’époque, c’était un garçon très frêle, pas très puissant sur ses jambes. Mais il a compris petit à petit que le jeu n’était pas une question de force, mais de coordination et de cognition: comprendre comment transmettre l’énergie au ballon, comment s’adapter à sa trajectoire, comment le protéger face à un adversaire… Des concepts de base de la motricité spécifique au jeu. C’est ce qui l’intéressait en priorité. Il posait des questions comme: “Pourquoi, quand je contrôle le ballon, je le laisse dans la même trajectoire que celle d’où il vient au lieu de la modifier?” Je lui répondais: “D’abord, tu dois analyser les adversaires proches, combiner cela avec tes intentions, puis libérer le ballon de manière à ce que l’adversaire ne puisse pas te gêner.” Il voulait développer des aspects qui convenaient à sa façon de courir, de se déplacer. Il était très bon, mais certains disaient: “Comment peut-on avoir un milieu de terrain qui n’est pas capable de faire une passe de plus de 20 mètres?” Sa morphologie et son style de jeu ne correspondaient pas aux standards physiques du football traditionnel… Puis Johan Cruyff est arrivé. Dès qu’il l’a vu, il a tout de suite dit: “Je veux Pep, et dix autres autour de lui.” 

Il paraît que Guardiola t’accompagnait voir les entraînements de Valero Rivera, alors coach de la section handball du Barça. Qu’est-ce qui l’intéressait dans ces séances ? Pep était avec moi 80% du temps quand il était au club. Et dès qu’il terminait ses cours, nous allions effectivement voir les entraînements de Valero. Il cherchait toujours à différencier les notions de trajectoires, les déplacements des joueurs dans chaque position et leurs modes de communication: était-ce uniquement par le ballon, ou aussi par des gestes et l’occupation de l’espace ? Pep voulait comprendre les aspects tactiques sous un nouvel angle. Les relations spatiales et temporelles le passionnaient tout particulièrement: le deux contre un, le trois contre deux, les espaces réduits, l’importance des supériorités numériques par rapport aux positionnements fixes, les trajectoires rapides et lentes… Il interrogeait toujours: “Comment obtenir un avantage positionnel ? Par des séquences courtes ou longues?” Ce n’était pas juste un spectateur qui admirait un bon joueur en s’exclamant “Vujovic! Vujovic!” (la star de l’équipe de hand de l’époque). Il était véritablement fasciné par la motricité et les interactions entre les joueurs. Peu importe que ça se joue avec les mains ou les pieds, les concepts restent valables dans une certaine mesure. Ce n’est pas une question de

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