Longtemps sponsorisée par la Serie A, l’équipe de France a vu son contingent de joueurs post-formés en Bundesliga exploser ces dernières années. Depuis trois saisons, les Franzosen sont même la nationalité étrangère la plus représentée dans le championnat allemand. Comment en est-on arrivé là ? Et surtout, quelles conséquences d’un côté et de l’autre de la frontière ? Par Maxime Brigand et Julien Duez.
C A S T I N G
Klaus Allofs : légende de l’OM et des Girondins de Bordeaux et directeur sportif du Fortuna Düsseldorf, après être passé par le Werder Brême et Wolfsburg.
Matthieu Delpierre : champion d’Allemagne avec Stuttgart. Il apprend aujourd’hui le métier de directeur sportif.
Christian Heidel : directeur sportif de Mayence, la destination préférée des Franzosen de Buli.
Peter Zeidler : coach de Saint-Gall (D1 suisse), et ancien adjoint de Ralf Rangnick, le père du Gegenpressing.
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Les origines
Peter Zeidler : Avant le début des années 2000, pour un joueur français, venir en Allemagne était presque exotique. Gilbert Gress a joué au VfB Stuttgart à la fin des années 60, Didier Six au début des années 80, mais ce n’était que des exceptions.
Christian Heidel : Dans les années 1990, il y a aussi eu Jean-Pierre Papin au Bayern, puis une autre petite vague quelques saisons plus tard avec Willy Sagnol et Bixente Lizarazu. Ces deux-là ont été les premiers à s’installer durablement en Bundesliga, mais c’était plus des coups qu’une tendance. Hormis le Bayern et deux-trois autres clubs, personne ne regardait du côté de la France pour recruter.
Klaus Allofs : Joueur, j’ai passé du temps à la fin des années 80 en France, à Marseille, puis à Bordeaux. De ces années-là, j’ai gardé un réseau. Quand je suis devenu directeur sportif du Werder, fin 1999, j’étais donc au fait de ce qu’il pouvait se passer là-bas. Ça m’a aidé pour le recrutement de Johan Micoud et Valérien Ismaël. Pour Micoud, qui jouait à Parme à l’époque (à l’été 2002, ndlr), je me suis déplacé pour le rencontrer avec sa famille et honnêtement, il ne lui était jamais venu à l’esprit de jouer un jour en Allemagne. Il a quand même accepté de discuter car il me connaissait et parce que je parlais français. Ça a instauré une confiance qui a fini par le convaincre, et au final ça a merveilleusement fonctionné. Même chose avec Ismaël.
Matthieu Delpierre : Avant de signer à Stuttgart, en 2004, je ne connaissais pas vraiment l’Allemagne, mis à part à travers un match disputé avec le Losc contre Stuttgart en août 2002. J’avais bien aimé l’ambiance et deux ans plus tard, j’ai eu envie de découvrir autre chose, un nouveau championnat, une nouvelle culture. Quand Stuttgart a montré son intérêt, je n’ai donc pas hésité. La Bundesliga m’intriguait car le championnat me semblait, déjà à l’époque, très ouvert, donc je me suis laissé tenter. Je n’en suis reparti que dix ans plus tard.
Allofs : Je pense que la culture et la langue allemande ont maintenu la Bundesliga éloignée des autres championnats pendant longtemps. Les regards étaient surtout tournés vers la Premier League et la Serie A. Lors des négociations avec Micoud, je me souviens que sa