Plus jeune club pro néerlandais, à l’image de la ville nouvelle qui l’héberge, entièrement construite sur la mer, l’Almere City FC s’est offert les deux premières saisons de son histoire en Eredivisie. Une épopée qui a pourtant tourné au calvaire, le club devenant au passage le plus méprisé des Pays-Bas. Parce qu’Almere, énième utopie banlieusarde, porte tous les maux du pays ?
Début avril dernier, Almere, banlieue d’Amsterdam. Le club local, Almere City FC, joue sa survie en Eredivisie, dans lequel il évolue pour la première fois de son histoire pour la deuxième saison consécutive. Une semaine après avoir battu Willem II, De Zwarte Schapen (le Mouton Noir) reçoit le PEC Zwolle dans un duel de bas de tableau qu’il faut absolument remporter. De quoi enflammer la ville ? Pas vraiment. À la veille du match, sous un soleil étonnement ardent, les dirigeants accueillent avec des blinis, du vin blanc et des grands sourires. “On ne peut pas faire plus familial comme club”, glisse Thomas Robinet, ancien capitaine français de cette équipe. L’ancien Sochalien aurait aussi pu dire “plus chiant”. La preuve : en deux ans à Almere, celui qui a rejoint Dunkerque en toute fin de mercato cet été n’a jamais foulé les rues du centre de cette cité nouvelle marketée comme “le futur des Pays-Bas” par ses concepteurs, mais qualifiée de “ville la plus laide” par le reste du pays. Une mauvaise fame qui s’est répercutée sur son club de football, seule vitrine d’Almere aux quatre coins du pays, et devenu week-end après week-end victime d’une haine des supporters adverses. Comme si les joueurs inoffensifs portant ce maillot rouge et noir représentaient tous les espoirs déchus d’un pays qui, comme tant d’autres, tend désormais les bras à l’extrême-droite. “Longtemps, il y a eu ici une sorte de proverbe qui disait : ‘La chose la plus triste qui peut arriver dans votre vie est de vivre à Almere’, hausse les épaules John Bes, directeur exécutif d’Almere City FC. Les gens disaient que le club était le plus horrible des Pays-Bas. Du coup, on a essayé d’en faire quelque chose de positif au niveau marketing.” Les yeux cachés derrière ses lunettes Porsche, le récent quinqua déballe un dépliant ou il est question de “mentalité de challengers”, de