Minamino : "J’ai beaucoup appris de Roberto Firmino"

Écrit par A.Chazy, le 18 juin 2025 à 15:25. Mis à jour le 18 juin 2025 à 15:31.

Minamino : "J’ai beaucoup appris de Roberto Firmino"

Cadre de l’AS Monaco et de la sélection japonaise, Takumi Minamino se cache généralement derrière la barrière de la langue pour ne pas évoquer son parcours. Un périple débuté sur un parking, où l’on retrouve, entre autres, les mots-clés “solitude”, “Diego Forlan” et “racisme”. Entretien-confession avec un homme qui rêve toujours d’être la version nippone de David Villa.

Tu es né à Izumisano, au sud d’Osaka, le 16 janvier 1995. Au lendemain de ta naissance, le séisme de Hanshin-Awaji, mesuré à 7,2 sur l’échelle de Richter, a fait plus de 6000 morts et 43 000 blessés dans les environs de Kobe et d’Osaka. Tu es un miraculé? 

Même si nous vivions dans le sud d’Osaka, nous n’avons pas été directement touchés. Je ne pense pas avoir gardé de séquelles psychologiques de ce moment, en tout cas je ne m’en souviens pas du tout. Des années plus tard, on a reparlé de ce grand séisme de Hanshin-Awaji avec mes parents, et ils m’ont quand même dit qu’ils avaient eu très peur ce jour-là. Que l’on entendait partout que c’était très grave à Kobe, avec des trains qui avaient déraillé, des autoroutes et des bâtiments qui s’étaient effondrés… C’était une tragédie.

Ça ressemblait à quoi, Izumisano?

C’est une ville portuaire, véritable porte d’entrée au Japon, connue pour abriter l’aéroport international du Kansai. J’y suis né dans une famille tout à fait ordinaire: mon père travaillait dans une usine de fabrication de fils métalliques, une entreprise familiale qui était dirigée par mon oncle ; ma mère était femme au foyer. On habitait dans une petite maison individuelle. Après l’école, notre rituel avec Kenta, mon frère aîné de trois ans, c’était d’aller taper le ballon dans ce qu’on appelait “le jardin”. En réalité, c’était un espace goudronné à côté de la maison qui servait de parking. Je me rappelle encore de nos genoux ensanglantés lorsqu’on rentrait chez nous. Avec Kenta, on disait que c’étaient nos médailles. Toutes ces heures passées à jouer au football dans cet endroit ont beaucoup influencé mon jeu.

Comment est arrivée la passion du foot chez les Minamino?

Au Japon, dans les années 90, c’était loin d’être le sport roi, notamment par rapport au baseball. Petit, je ne me suis jamais intéressé au baseball ni à d’autres sports que le foot. En général, si les parents japonais aiment le baseball, leurs enfants l’aiment aussi. Chez nous, ce n’était pas le cas. Pourtant, à Osaka, il y a beaucoup de fans des Hanshin Tigers, mais dans notre famille, personne ne s’y intéressait. À la télé, on ne regardait que les JT. J’en conclus donc que si mon grand frère a choisi de faire du foot après l’école maternelle, c’est parce que c’était le sport proposé à l’école. Et comme mon grand frère jouait au football, je me suis retrouvé, par mimétisme, à en faire aussi. J’ai intégré une équipe à l’âge de cinq ans, dans la ville voisine, le Sessel Kumatori FC. Mais à l’époque, mon frère était meilleur que moi. Il était connu dans notre région comme étant le meilleur footballeur, un milieu de terrain très prometteur.

Pourquoi c’est toi qui as percé et pas lui?

Le tournant, c’est quand j’étais en troisième année de collège et que j’ai été sélectionné pour jouer avec l’équipe nationale U15. Je crois qu’à ce moment-là, mon frère m’a “laissé” le football et a senti qu’il était temps pour lui de suivre une autre voie. Pendant longtemps, c’était plutôt lui qui concentrait les attentes. Il a dû ressentir ça comme de la pression. J’ai senti que sa passion pour le foot a commencé à flancher au moment du passage au lycée. Et puis, en me voyant progresser, il a probablement vécu certaines frustrations, même s’il n’y a jamais eu de conflits ou de rivalité entre nous. Aujourd’hui, c’est un kaishain (terme utilisé au Japon pour parler d’un employé de bureau sans préciser la fonction, ndlr).

Quand est-ce que tu as su, toi, que tu voulais devenir pro?

La coupe du monde 2002 a tout changé. J’avais 7 ans, le Japon tout entier vibrait pour le football, et c’est en voyant toutes ces stars que je me suis dit: “Les

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