C’est fait, Paris est champion d’Europe ! Comment passe-t-on de moqué à admiré ? Analyse d’une mutation que personne n’avait vu venir, hormis Luis Enrique.
CASTING
Olivier Dall’Oglio ancien coach de Brest, Montpellier et Sainté
Luka Elsner ancien coach du Havre et de Reims
Carles Martinez Novell coach du Téfécé
Pacho Maturana inventeur du toque colombien
Wilfried Nancy entraîneur du Columbus Crew, champion de MLS 2023
Lionel Vaillant coach d’Espaly, battu par le PSG en coupe de France
Pierre Sage nouveau coach de Lens
Michel coach de Gérone
Quelle image aviez-vous de Luis Enrique avant de le voir arriver en ligue 1 ?
Carles Martinez Novell: Je l’ai rencontré bien avant nos confrontations en ligue 1, grâce à un ami en commun, son représentant, Ivan de la Pena (ancien joueur du Barça et de l’OM, ndlr). C’est une personne très sociable, naturelle, accessible. En travaillant à la Masia, j’ai pu sentir son héritage. Tout le monde parle du Barça de Guardiola, mais celui de Luis Enrique a aussi grandement impacté le club. Son Barça a été grandiose, capable de combiner verticalité, pressing intense et jeu direct. Il n’a pas métamorphosé le club de A à Z, mais il l’a fait progresser grâce à sa passion des détails. Le perfectionnisme est ancré en lui, ça va au-delà du terrain, et c’est selon moi ce qu’il a voulu instaurer au PSG, quitte à modifier les racines sportives du club. De toute façon, si vous voulez faire les choses à moitié, il ne faut pas compter sur lui.
Wilfried Nancy: Quand Luis Enrique a signé à Paris, je me suis dit: ça y est, le PSG a touché le jackpot. J’ai adoré son Barça. Dès que je réussissais à voir les matchs en vue panoramique, je l’observais toujours gesticuler. J’ai compris que c’était pour faire monter la ligne défensive. Il jouait avec un bloc très haut et dès qu’il avait la moindre opportunité de gagner du terrain, même quelques mètres, il faisait ce geste avec ses mains pour que sa ligne défensive monte à haute intensité. Au PSG, on a vite retrouvé des choses que l’on pouvait voir chez le joueur Luis Enrique, qui était un bon milieu, technique, qui courait énormément. Surtout, j’aime l’histoire globale de cet entraîneur. Il a un côté “je fais ce que j’aime, je m’en tape de ce que les gens disent”.
Pierre Sage: J’ai trouvé très injuste le traitement qu’il a subi en France au début. Lors de la conférence de presse avant notre premier match contre eux en championnat, on me dit: “Peut-être que cet OL peut rivaliser.” J’ai répondu: “Vous ne vous rendez pas compte! On a de l’espoir mais ne minimisez pas le niveau du PSG. C’est une très très grande équipe.” La défiance venait d’un taux de conversion des actions très bas. C’était aussi un groupe en gestation.
Olivier Dall’Oglio: Il y avait Kylian Mbappé, donc une grosse star à gérer, un effectif qu’il devait découvrir, et comme c’est un entraîneur avant tout tourné vers le collectif, je pense qu’il a vu des choses qui ne lui ont pas plu, notamment sur les replacements, la discipline défensive. C’est pour ça qu’il a très souvent répété que la saison d’après serait meilleure, et on l’a vite vu…
Sage: C’est beaucoup plus équilibré maintenant. Ils se sont affranchis de la dépendance au talent individuel. Aujourd’hui, ils jouent à 11 contre 11 dans toutes les phases de jeu et sont capables de faire la différence à la fois individuellement et collectivement.
Novell: Ses deux saisons au PSG ont été bien différentes, c’est vrai. À son arrivée, il a d’abord inculqué à ses joueurs comment dominer le jeu depuis une forte pression à la perte, puis il leur a enseigné comment devenir protagonistes avec constance, lors de phases de possession longues. Ce sont deux choses qui demandent un temps d’adaptation, et cette saison on a vu que les joueurs ont parfaitement digéré le message. Ils savent où le coach veut aller, et comment il faut procéder pour y aller.
Pacho Maturana: Si le football