Voir jouer Isco sous le maillot de Malaga ou du Real Madrid, époque Zizou, c’était rêver qu’un autre football était possible. Puis l’Espagnol s’est éteint petit à petit avant de distribuer à nouveau des petits ponts du côté du Betis Séville, demi-finaliste de la Conference League. Interview avec le dernier numéro 10 du football européen.
Cela fait quinze ans que tu es footballeur professionnel. Qu’est-ce qui reste du gamin andalou qui jouait dans les rues de Arroyo de la Miel ?
Il reste l’essentiel: la passion. Aujourd’hui, je savoure encore chaque toucher de balle, chaque seconde passée sur la pelouse. Durant toutes ces années, j’ai changé, évidemment, mais l’essence reste la même: j’aime toujours autant faire des passements de jambes et des petits ponts. Je suis d’ailleurs très content d’être un représentant de ce football de rue en voie d’extinction. Désormais, tout est beaucoup plus physique, tactique. Le football a énormément changé et j’ai dû évoluer avec lui. Mais je reste un joueur de rue. C’est comme ça que je m’identifie en tout cas.
Cette créativité qui est la tienne, on peut la travailler si on ne l’a pas développée durant l’enfance ?
Moi, j’ai grandi sur le bitume, en jouant avec des enfants qui étaient généralement plus grands et plus âgés que moi. Ce terreau-là, pour plein de raisons, tend malheureusement à disparaître. Quand je sortais de l’école, je jouais de 16 heures à 20 heures non-stop. C’est une routine qui n’existe plus parce que les mômes ont d’autres distractions désormais: les réseaux sociaux, les consoles… La passion pour le football n’est plus la même et ça a eu des répercussions sur celui qu’on voit à la télévision. Il y a moins de magie car les footballeurs de rue sont de moins en moins nombreux.
Tu as quitté ta famille à l’âge de 14 ans, pour intégrer l’académie de Valence. À l’époque, est-ce qu’il t’a manqué un conseil pour mieux affronter ce changement de vie radical ?
C’est moi qui ai décidé de quitter la maison pour aller à Valence et j’ai eu la chance que mes parents respectent et soutiennent ce choix. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce sont les parents qui décident pour leurs enfants… Avant de rejoindre le centre de formation culé, j’avais reçu une offre de l’Espanyol de Barcelone, mais j’avais seulement 12 ans à ce moment-là, je ne me sentais pas de quitter le cocon familial aussi jeune. Il y a eu d’autres offres après ça, que j’ai également refusées. Ça rendait fous mes entraîneurs de l’époque, d’ailleurs. Ils me disaient que j’étais en train de rater trop de trains, que j’allais le regretter… Peut-être, mais moi, ce qui m’intéressait, c’était de jouer avec les copains du quartier.
Tu disputes sept matchs en pro avec Valence, puis