En l’espace d’un an, Georges Mikautadze a vécu un transfert foiré à l’Ajax, un retour au FC Metz, qu’il est passé à deux doigts de maintenir en solo, un Euro 2024 dont il a terminé co-meilleur buteur avec la Géorgie et enfin une signature à l’OL, là où tout s’était brutalement arrêté pour lui quand il avait 15 ans. Le tout sans jamais douter. Rencontre avec un homme qui a quelques certitudes.
Tu es revenu cet été par la grande porte à l’OL, à 23 ans, alors que tu étais courtisé par d’autres formations prestigieuses, certaines qualifiées pour la ligue des champions. Pourquoi? Je sentais que c’était le bon moment, et je suis sûr d’avoir fait le bon choix. Devenir pro à l’OL, ça m’obsède depuis que je suis petit. Donc pouvoir jouer l’Europe (en l’occurrence la ligue Europa, ndlr), chez moi, à Lyon, c’est tout ce dont j’avais envie. On peut toujours viser plus haut, mais si je casse tout ici, je pourrai aller haut. Je ne me mets pas de limites. Après, ce n’est pas parce que j’ai grandi ici que j’aurai plus le droit à l’erreur qu’un autre. Je vais faire mon maximum, comme partout où je suis passé, et je sais que ça va marcher.
Quand tu as explosé à Seraing, en Belgique, lors de la saison 2020-2021, ta mère disait à la presse locale: “Les gens qui réussissent sont des personnes heureuses.” Aujourd’hui, es-tu heureux? Bien sûr que je suis heureux. Je sais à quel point c’est compliqué de devenir professionnel, et que ce n’est pas donné à tout le monde de réussir. Je pense à mon meilleur pote, Fouad Baci, qui est peut-être le mec le plus fort avec qui j’ai joué. Il est d’origine albanaise et il était à l’OL, avec Maxence Caqueret, Amine Gouiri et moi… Aujourd’hui, comme d’autres, il évolue dans un petit club juste pour le plaisir. Donc oui, pour moi, signer à Lyon, c’est une belle réussite pour ma famille et moi. On a fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là.
Il y a eu un moment où tu as craint de ne pas y arriver? J’ai toujours eu cette capacité à relativiser. Même quand j’avais 15 ans, que je venais d’apprendre que je n’étais pas conservé et qu’on s’est retrouvés sur le parking de Tola-Vologe avec ma famille, je me disais: “C’est pas grave, on va trouver un autre club.” Bon, c’était vraiment dur à encaisser au début, mais quand tu as un bon entourage et que tu sais ce que tu veux faire dans la vie, tu arrives à surmonter ce type de moments. Et puis je savais aussi que d’autres joueurs avaient fait carrière sans aller au bout du centre de formation. On était plusieurs recalés de l’OL à se retrouver avec les U17 nationaux de l’AS Saint-Priest (club de l’agglomération lyonnaise), on savait qu’il y avait encore quelque chose à faire. C’est comme ça ensuite que je suis arrivé à Metz, l’année de mes 17 ans. Même si ce n’était pas simple avec l’éloignement, mon seul but était de devenir footballeur professionnel. Il n’y avait pas d’autres issues.
À l’époque, c’est notamment ta taille qui avait laissé l’OL dubitatif à ton égard. Est-ce qu’on juge les jeunes footballeurs trop hâtivement et trop souvent par rapport à leurs caractéristiques athlétiques? Ça a peut-être changé depuis, mais c’est vrai qu’à l’époque, le physique était énormément pris en considération. Si tu vas voir en Espagne, il n’y a que le jeu et le ballon qui comptent. Tu es un bon joueur, technique, qui sait se placer et se déplacer? Alors ton gabarit ne posera pas de problème. Après, je ne reviens pas à Lyon avec un esprit de revanche. Les gens qui étaient ici à l’époque ont fait un choix, celui de ne pas me garder. Ça arrive, on est humains, on fait tous des erreurs (rires). Surtout, je pense que cet épisode m’a permis de me forger pour devenir celui que je suis aujourd’hui.
Tu es rentré chez papa et maman? Ouais, je dors à la maison comme au bon vieux temps. C’est temporaire parce que je cherche une maison dans les environs du Parc OL, mais ça fait du bien de retrouver ses petites habitudes. Quand je me réveille, je peux prendre le petit déjeuner avec mon frère et ma sœur, ça fait plaisir.
Ce retour aux sources, c’était aussi une volonté de te rassurer après cette expérience ratée l’an dernier à l’Ajax Amsterdam? Je ne sais pas si “se rassurer” est le bon terme, mais c’est vrai que c’était une