L’été dernier, après un an sans jouer, David de Gea réapparaissait à la Fiorentina, en Serie A, pour s’offrir l’un des derniers challenges de sa carrière. À bientôt 35 ans, l’Espagnol a accepté de jeter un coup d’œil dans le rétro: sa décennie à Manchester United, son année blanche, la Roja avec Luis Enrique, Slipknot, l’évolution du poste de gardien, et même cette sombre histoire de vol de donuts. Vamos pour l’introspection !
Tu entames ta deuxième saison à la Fiorentina, où tu viens de prolonger jusqu’en 2028. Qu’as-tu découvert à Florence qui t’a empêché de partir toucher le jackpot comme tous les autres en Arabie saoudite ?
Dès les premiers jours, je me suis senti bien ici. Déjà, t’as vu ce centre d’entraînement ? Il est impressionnant, vraiment, et vu que c’est là où nous, joueurs, passons le plus clair de notre temps, ça a compté. Mais il n’y a pas que ça : avec mes coéquipiers, le staff, l’équipe médicale, les kinés, les soigneurs, on est comme une famille. Cela me fait beaucoup de bien d’avoir ça. Après, il y a les supporters : lorsqu’on joue à domicile, j’adore regarder la curva chanter. Et enfin, il y a cette ville chargée d’histoire. Le monde entier veut venir visiter Florence, et pouvoir y vivre est un privilège. Elle est petite, mais le climat est très agréable, la cuisine excellente… Tout ça a contribué à cette décision de prolonger ici, avec l’ambition de performer et de gagner un trophée.
Avant de poser tes bagages en Toscane, tu as passé un an sans jouer. Comment l’as-tu vécu ?
Ce que j’ai appris, c’est qu’on peut très bien se passer du football. Je dirais même plus : cela a été l’une des meilleures années de ma vie sur le plan personnel. J’ai pu passer beaucoup plus de temps avec mes proches ou avec des gens que je n’avais pas trop pu voir à cause de mon quotidien rythmé à Manchester. À vrai dire, la seule chose que j’ai trouvée bizarre, c’est ce fameux premier jour où tu ne vas pas t’entraîner à Carrington et où tu restes chez toi. La vie de groupe, c’est la seule chose qui m’a un peu manqué. Mais bon, j’aime bien aussi rester chez moi en famille, et là, j’en ai bien profité.
Tu t’es aussi régénéré mentalement ? Douze ans dans les buts de Manchester United, ça doit être épuisant.
Oui, tu as le temps de réfléchir un peu à tout, notamment à quel point c’est difficile d’être dans un club comme celui-là pendant tant d’années. D’y rester, de jouer, jouer, jouer… Mentalement, c’est très dur. Cette année tranquille a été aussi bénéfique que géniale. Elle m’a permis de penser à moi, de profiter, de me libérer un peu de toutes ces années de jeu, d’entraînement, de pression. C’est un break qui m’a permis de revenir avec plus d’envie.
On imagine que tu as aussi dû t’adonner à ton autre passion, les jeux vidéo. À ce propos, plusieurs opus de la franchise Assassin’s Creed se déroulent en Toscane. C’est aussi pour ça que tu es venu ?
(Sourire) J’ai joué à plusieurs Assassin’s Creed, mais pas ceux-ci! C’est vrai que je joue beaucoup aux jeux vidéo avec mes amis, mes cousins. En ce moment, je suis sur Tom Clancy’s Rainbow Six. J’ai même fondé une équipe professionnelle, Rebels Gaming. Jouer me permet de m’évader un peu du football, de tout le reste. Ça te libère un peu de cette pression constante d’être toujours en train de t’entraîner ou de jouer au foot.
En termes de concentration, ça peut aussi t’aider dans ton métier ?
(Il réfléchit) Pas vraiment, non. Le seul parallèle que je vois entre le foot et le jeu vidéo, c’est la communication avec tes coéquipiers. Mais sinon, c’est juste du plaisir.
Signer à la Fiorentina, dans un championnat réputé pour ses gardiens, c’était aussi une façon de te prouver que tu étais toujours au plus haut niveau ?
Quand je m’entraînais, je sentais déjà que je n’avais rien à prouver. Je me rendais compte que j’étais bien, prêt à jouer. Je voulais surtout évoluer dans un bon championnat, être compétitif. Rejoindre une ligue qui, avec tout le respect, n’est pas très concurrentielle, où les équipes sont en théorie plus faibles… Ce n’est pas pour moi. J’avais surtout très envie de venir en Italie pour goûter à la Serie A. Dès que j’ai su que la Fiorentina était intéressée, tout s’est décidé très vite.
Tu comprends que de jeunes joueurs talentueux comme Jhon Duran ou Enzo Millot partent jouer dans les championnats du Golfe à 22-23 ans ?
Chacun a sa vie, sa façon de penser, son parcours… C’est une question compliquée. Si dans n’importe quel travail, quelqu’un de 20 ans se voit proposer d’aller ailleurs pour gagner dix fois plus, je suppose qu’il partira, non ? Après, et là je parle en tant que footballeur, personnellement, je n’aime pas ça. Je vois les choses différemment car je pense que nous gagnons déjà suffisamment là où nous sommes. Et je pense que si vous avez de l’ambition, que vous êtes un compétiteur, ce n’est pas ce choix-là qu’il faut faire. Moi, je préfère de loin les ligues fortes où il y a de la compétitivité, des fans, des stades pleins. Mais chacun fait ses choix.

La compétition, les fans, c’est ce qui te fait encore enfiler les gants tous les matins ?