Enroulé, flottant ou en force, le coup franc direct a longtemps été une arme pour vaincre l’adversaire autant qu’un geste technique respecté pour sa beauté. Mais ça, c’était avant, puisqu’il serait tout simplement en voie de disparition. Enquête sur l’un des drames de l’époque. Par Adel Bentaha et Léo Tourbe
Au milieu des posts pro-Trump d’Elon Musk et des vidéos de types passés à deux doigts de se faire renverser par un camion ou bouffer par un requin, Twitter offre encore quelques comptes qui valent le détour. Comme celui-ci : “Has Mbappe scored a free-kick ?” (Mbappé a-t-il inscrit un coup franc ?), alimenté week-end après week-end, avec la même réponse à chaque fois : “Non.” Dans le troll complet, cette page culminant à près de 100 000 abonnés compte les jours séparant Mbappé de son premier coup franc direct. Il a récemment franchi la barre symbolique des 3000, en partant de la soirée du 2 décembre 2015 au cours de laquelle Kyky a fait ses débuts en pro à 16 ans face à Caen, numéro 33 anonyme dans le dos, dans un stade Louis-II vide comme à ses plus grandes heures. Neuf ans plus tard, le Madrilène chiffre plus de 300 pions, mais aucun free kick, contrairement à son idole Cristiano Ronaldo, qui aux mêmes temps de passage en avait déjà envoyé 28 au fond des filets. Des statistiques dont on n’a globalement rien à carrer, mais qui posent toutefois une problématique générationnelle : pourquoi Mbappé et les autres têtes de gondole du football moderne, comme Vinicius Junior et Erling Haaland, ne savent-ils plus brosser un ballon ? Pire, encore : pourquoi ne prennent-ils même pas la peine d’essayer ?
NO 10, NO PARTY
Comme dans tout domaine qui se casse la gueule, il faut s’intéresser aux chiffres. En ce qui concerne la dégringolade des “CFD” (coups francs directs), la dernière décennie est un cas d’école. Entre 2008 et 2011, Opta –qui collecte les données depuis la saison 2008-2009– rapporte que 33 coups francs ont été marqués en moyenne par saison dans les cinq grands championnats. Depuis, ce nombre n’a cessé de baisser, jusqu’à descendre à 15 en 2020. Une baisse de moitié donc, dont la seule exception est à trouver en Serie A, avec 23 coups francs marqués à l’issue de la saison 2021-2022. “Les